omaha beach

"omaha la sanglante"


D-DAY "le choc" : 6 juin 1944 - 6 h 30

 

 


 

C'est à OMAHA BEACH qu'eut lieu l'épisode le plus tragique du débarquement allié en Normandie : en voici le récit.

 

"OMAHA" est en réalité un nom de code, aujourd'hui entré dans la légende, pour désigner les plages de trois villages paisibles : Vierville-sur-Mer, Colleville-sur-Mer et Saint-Laurent-sur-mer.


6 juin 1944 : l'aube se lève sur la côte normande.

 

La mer agitée porte un spectacle incroyable : une forêt d'acier danse sur les vagues. 7000 bateaux, venus de partout. "Plus qu'aucun oeil humain n'en a jamais embrassés en un seul coup d'oeil", note un correspondant de guerre. Les autres chiffres sont tout aussi vertigineux. Près de 100000 hommes les conduisent, plus de 100000 autres s'apprêtent à en sortir. Les dragueurs ont ébreché les champs de mines et, à 3 h 30, les premières barges cinglent vers Omaha Beach. Un nom de code qui réunit les trois plages de Vierville, Colleville et Saint-Laurent. Les hommes ne sont pas frais. Les pillules contre le mal de mer, si généreusement distribuées, renfermaient une forte dose de narcotique ! Comme le note le journaliste Ernie Pyle : "Le 5 juin, tout le personnel de l'armée était dans un état de stupeur droguée. Heureusement que la Marine, par fierté, n'en avait pas pris. Sans ça, il n'y aurait eu personne pour faire marcher le bateau !"

Il a été convenu d'échelonner quatre débarquements d'est en ouest. La quatrième division d'infanterie américaine va s'ébranler à 6 h 30, sur la côte orientale du Cotentin : Utah Beach. La première division se dirige plus à l'est, vers Omaha Beach.

Difficile d'imaginer plus fort contraste - à moins d'un échec total - entre l'aventure des hommes débarqués à Utah Beach et celle de leur camarade à Omaha Beach. Ici le Contentin n'offe aucun abri contre la houle du large. Ici également, les forces que les assaillants vont affronter sont d'un tout autre ordre. Les Alliés ignorent que la 716ème Division de défense côtière n'est pas la seule à garder cette partie de la côte. La 352ème Division d'infanterie s'y trouve en manoeuvres, doublant ainsi les effectifs disponibles. La côte est elle-même un obstacle formidable, faite de plages précédant des falaises de 30 mètres qui offrent seulement cinq couloirs ou chemins encaissés pour pénétrer dans les terres.

 

 

La première erreur commise est de commencer les opérations de débarquement trop au large, à presque 19 km du rivage au lieu des 11 qu'ont décidé les Britanniques. Les vagues submergent de nombreux landing craft : ceux qui réussissent à toucher terre à 6 h 30, sont déjà à l'eau depuis trois heures. Sur les 32 tanks DD qui sont partis à 5500 mètres de la plage, 27 ont coulé. Les hommes du génie chargés de déblayer les obstacles périssent pour la plupart : l'artillerie montée sur les DUKW les fait chavirer.

Quand les survivants de la première vague d'assaut s'approchent de la plage, les seuls tirs sont les tirs de couverture des navires alliés. Mais à la minute où les barges s'abaissent, les Allemands ouvrent le feu avec une précision meurtrière. Leurs bunkers ont été construits de telle sorte que la grande épaisseur de béton face à la mer ainsi que les embrasures qui couvrent les 4 km de plage les protègent des tirs des bateaux et prennent en enfilade tous les assaillants qui se débattent dans les vagues et tentent de traverser les 90 m de sable.

Le soldat de deuxième classe Samuel Fuller se débat sur la plage "trois heures durant au lieu des 25 minutes prévues. La mer est rouge de sang. Des culs, des couilles, des yeux, des têtes, des intestins, des bras, des doigts, des bouches, juste une bouche. Partout ! Un cauchemar !"

 

 

Privées d'appui, les unités alliées de tête sont clouées sur place par les canons et les mitrailleuses. Les vagues d'assaut suivantes essuient des pertes semblables. A midi, la majeure partie des 1ère et 29ème Divisions d'infanterie est encore clouée sur la plage : pour la première fois le général Omar Bradley envisage le réembarquement.

Mais en cette matinée d'horreur le G.I. américain entre dans la légende : il enlève un par un chaque ouvrage et s'accroche au terrain conquis. Mètre après mètre. Une compagnie de Rangers, qui devait à l'origine se porter en renfort à la Pointe du Hoc, arrive au prix de grosses pertes à gagner le pied des falaises Ouest et commence à détruire les bunkers l'un après l'autre. Le brigadier-général Norman D. Cota, de la 29ème Division, va et vient pour rallier ses hommes, apparemment immunisés contre les balles. Le colonel Taylor fait de même. Lentement, les positions allemandes sont enlevées et le poids de la force américaine se fait sentir.

 

   
De leurs tranchées
au sommet de la falaise,
les défenseurs allemands
dominaient la plage.

 

Les premiers succès de la défense allemande s'efface donc. Les munitions s'épuisent. Les réserves, le 915ème Régiment, battent la campagne à la recherche des parachutistes signalés dès l'aube : en réalité, des mannequins. Vers le soir, les Américains se sont emparés des falaises et se précipitent en masse aux sorties des plages pour s'assurer d'une tête de pont qui n'a pas plus d'un kilomètre et demi de profondeur.

 


 

omaha beach aujourd'hui

 

Omaha reste aujourd'hui, avec le bilan le plus catastrophique du D-DAY (on estime le nombre de blessés et disparus à environ 3000), le symbole du prix payé pour libérer l'Europe. Ce n'est pas pour rien que le site qui domine la plage fut choisi pour être transformé en cimetière.

 

   
Omaha Beach aujourd'hui, vu d'un emplacement de batterie dans les falaises Ouest. De telles positions mettaient les troupes d'assaut à leur merci.

En bas, le caisson échoué du port Mulberry détruit sert d'infrastructure à une jetée moderne.

L'été, les touristes viennent nombreux se baigner à Omaha Beach, comme si la plage la plus sanglante de l'histoire pouvait perdre un temps la mémoire du passé ...

 

Au fait, saviez-vous pourquoi les photos les plus connues du Débarquement étaient floues ? Mais si, ces images archidiffusées des marines en train de se précipiter sur la plage d'Omaha ! Alors voilà : Robert Cappa, futur fondateur de l'agence Magnum. Ce courageux reporter avait un scoop assuré. Il parvient à prendre une pellicule entière, malgré les bombes et le feu nourri autour de lui. Seulement, manque de chance, le labo photo se trompe de produits au moment du développement ! Ce qui fait des seuls documents visuels de ces minutes historiques les plus mauvaises photos de l'histoire de la presse ...

 

Et pour ceux qui désirent se rendre à Omaha Beach :

 

A voir :

 

Où dormir :

Hôtel du Casino : 14710 Vierville-sur-Mer. Tél : 02-31-22-41-02. Fermé du 15 novembre au 1er mars. Une maison grise, un peu viellotte, mais ô combien honorable et bien située. D'abord, parce que depuis trois générations, la même famille accueille des clients parmi D.W. Eisenhower, Bradley et de nombreux vétérans. Ensuite parce-qu'elle est située face à un coin de mer où s'est écrite l'une des pages les plus sanglantes du Débarquement. Bon accueil et intérieur chaleureux. Chambres de 295 F (douche) à 340 F (bains, WC). Poissons et fruits de mer au resto. Menus de 85 à 220 F.

Mon autre site : celui de l'association du Club Audiovisuel de Paris (films en ligne disponibles de nombreux cinéastes amateurs membres du club).